Le journal La Presse a publié, le 7 juin, un reportage accablant sur la misère vécue par les familles vivant aux Habitations Marie-Victorin à Montréal.
Voici le communiqué que la FLHLMQ a émis sur cette situation scandaleuse qui démontre malheureusement trop bien les conséquences de la lenteur à utiliser les fonds fédéraux de l'Entente Canada-Québec sur le logement au profit de la rénovation urgente des HLM, particulièrement à Montréal.
Voir le reportage de Radio-Canada sur le sujet
Entendre l'entrevue de Patricia Viannay au 15-18 de Radio-Canada: https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/episodes/738439/rattrapage-vendredi-7-juin-2024/10
Voir l'entrevue de Robert Pilon à la télévision de Radio-Canada
Qui est responsable de la dégradation des HLM à Montréal ?
Montréal, le 7 juin 2024 – La situation déplorable vécue par les 200 locataires des Habitations Marie-Victorin, un complexe HLM à Rivière-des-Prairies à Montréal, est un scandale pour plus d’une raison de dire la coordonnatrice de la Fédération des locataires de HLM du Québec (FLHLMQ), Patricia Viannay.
Premièrement, elle représente la pointe d’un iceberg beaucoup plus important puisque 78% du parc de logement de l’OMHM est coté D ou E, en mauvais ou très mauvais état, selon l’indice de vétusté de la Société d’habitation du Québec. En date du 1er octobre 2023, il y avait 7 242 logements HLM en mauvais état et 9 171 en très mauvais état. Les Habitations Marie-Victorin font partie de cette catégorie d’immeuble coté E, la pire cote de dégradation. Beaucoup de ces immeubles devraient être barricadés et leurs locataires relogés dans des logements décents mais cela est impossible en raison du manque de logements HLM disponibles. Plus de 19 000 ménages étaient en attente d’un HLM à Montréal à la fin 2023.
Deuxièmement, selon les propres chiffres de la SHQ, la dégradation des HLM à Montréal est allée en s’accélérant au cours des dernières années. Alors que 44% des HLM sont en piteux état au Québec, le pourcentage est de 78% à Montréal. Malgré les belles promesses contenues dans le plan stratégique de la SHQ d’améliorer l’état général du parc de 1%, par année sur cinq ans, le dernier rapport de gestion de la société démontrait que l’indice général qui était à 75% en 2021 a reculé à 68% en 2023.
Comment expliquer ce recul ? Selon Patricia Viannay, le calcul est simple à faire : l’OMH de Montréal demande chaque année au moins 150 M $ mais n’en reçoit que 75 M $. Des travaux comme ceux à Marie-Victorin sont donc constamment reportés.
Selon la coordonnatrice de la FLHLMQ même si l’administration de l’OMHM doit assumer sa part de responsabilité dans la situation inacceptable vécue par les familles vivant aux Habitations Marie-Victorin et dans les autres HLM cotés D et E depuis souvent plus de dix ans, il ne faut pas perdre de vue les principaux responsables de ce scandale. Depuis octobre 2020, les ministres Laforest et ensuite Duranceau disposent en vertu de l’Entente Canada-Québec sur le logement (ECQL) d’une somme de 2,2 milliards $, à utiliser sur une période de dix ans (2018 à 2028), pour rénover le parc HLM du Québec. Mais comme le démontre le tableau des fonds dépensés jusqu’à présent dans le cadre de cette entente, seulement 71,2 M $ sont allés à la rénovation des HLM alors que 252 M $ ont plutôt été détournés vers le financement du programme AccèsLogis. Ces chiffres ont été déposés par la SHQ lors de l’étude de ses crédits en mai dernier.
Depuis 2021, notre fédération dénonce ce choix fait par le gouvernement du Québec de ne pas accorder d’importance à la misère vécue par des milliers de familles dans les HLM de Montréal en raison de la dégradation de leurs immeubles.
En juin 2023, notre fédération s’est félicitée de l’arrivée tardive du Programme de rénovation des HLM (PRHLM) mis en place par le gouvernement du Québec. Celui-ci doit servir à dépenser les 2,2 milliards $ de l’ECQL prévus pour la rénovation des HLM jusqu’à la fin de l’entente en 2028. Même si des investissements de 518 M $ ont jusqu’ici été annoncés par la SHQ, notre fédération demeure malheureusement sceptique sur les résultats car de très nombreuses villes se disent incapables d’assumer 10% des coûts des travaux comme le demandent les conditions de financement du PRHLM. Déjà plusieurs villes demandent à leur office d’habitation de réduire l’ampleur des travaux afin de réduire leur propre contribution.
Il serait plus que temps que la ministre responsable de l’habitation, France-Élaine Duranceau, s’assure que l’entièreté des sommes prévues dans l’Entente avec le fédéral va bel et bien à la rénovation urgente des HLM et que la contribution des villes ne constituera pas le prochain obstacle pour reporter encore une fois à plus tard les travaux de conclure la porte-parole des locataires.
Photo: Journal La Presse