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À la veille du 9e congrès de la FLHLMQ : Comment vont les rénovations?

Soumis par Anonyme (non vérifié) le

Bulletin de la FLHLMQ - mars 2009 - Spécial congrès

Le 4 décembre 2007, la vice-première ministre, Nathalie Normandeau, annonçait avec fierté que plus de 263 millionsS allaient être consacrés annuellement à la rénovation des 65 000 logements HLM au Québec de 2008 à 2012, soit près de 1,2 milliard de dollars.

En janvier 2008, elle écrivait à tous les offices pour leur transmettre ce message :

«Je tiens également à souligner qu'il m'apparaît essentiel que tout soit mis en œuvre pour que les résidants aient l'occasion de s'exprimer, dans une dé­marche de consultation, sur les projets de modernisation qui seront retenus lors de l'élaboration des plans d'intervention. À cet effet, je vous invite à favoriser la par­ticipation des représentants des résidants au sein de votre conseil d'administration et à obtenir l'avis du comité consultatif des résidants sur les interventions re­quises.

«S'il importe de léguer des logements en bon état aux générations qui nous sui­vront, je suis tout autant préoccupée que les sommes investies permettent aussi d'améliorer significativement la qualité de vie des résidants actuels des HLM. »

La mobilisation des locataires
Évidemment, cette annonce a suscité de grandes attentes auprès de tous les locataires de HLM à travers le Québec. Après des années de patience et de frustration, non seulement les locataires allaient enfin pouvoir voir les différentes composantes de leurs logements et de leurs immeubles remis à neuf mais aussi sur le plan de la démocratie et de l'action citoyenne, cette grande opération de rénovation allait être l'occasion de vérifier la validité des dispositions de la Loi de la Société d'habitation du Québec, adoptée en 2002, prônant la consultation des locataires.

À l'appel du 8e congrès de la FLHLMQ, tenu en juin 2008, les associations de locataires et les comités consultatifs de résidant-e-s (CCR) ont été très nombreux à organiser la consultation des locataires un peu partout à travers la province. Grâce aux outils de consultation produits par la FLHLMQ, des milliers de locataires ont exprimé leurs besoins en rénovation et plus d'une centaine de CCR ont rédigé une liste de travaux prioritaires qui ont été officiellement remis aux conseils d'administration des offices.

La collaboration des offices
Dans beaucoup de villes, grandes ou pe­tites, les associations de locataires et les CCR ont pu compter sur le soutien actif de lojr offîco pour organiser la consul­tation des locataires. Dans d'autres, ce sont es offices directement qui ont fait la cogitation en utilisant nos outils. De plus, plusieurs dizaines d'offices ont collaboré avec la FLHLMQ dans la soixantaine d'assemblées d'information tenues à l'intention des locataires pour faire le point sur les rénovations et qui ont permis de rejoindre directement près de 2 000 locataires impliqués dans la vie de leur office.

Les attentes des locataires sont réalistes
Si, comme l'écrivait le directeur général du Regroupement des offices d'habita­tion du Québec (ROHQ) dans son bulletin de janvier-février 2009, certains offices pouvaient craindre «une dynamique visant à faire monter les attentes et augmenter le taux d'insatisfaction et de récrimination », dans la réalité rien de tel ne s'est produit.

Lorsqu'on analyse la liste des travaux prioritaires et les recommandations déposées par les associations et les CCR, on retrouve un peu partout au Ouébec les mêmes demandes bien légitimes : enlever les vieux tapis et les remplacer par des tuiles ou des prélarts sans entretien, installer des portes et des fenêtres de quai té mais manipulables et lavables par les locataires, des barres de sécurité dans les portes patio, des ventilateurs efficaces et non bruyants, des poignées de porte plus sécuritaires, des comptoirs et des armoires de cuisine, des salles de bain, etc. À ces préoccupations bien raisonnables, se rajoutent parfois des questions reliées à la mauvaise conception de certains immeubles : absence d'insonorisation, absence de balcon, absence de remise pour ranger les biens des locataires, absence de salle de lavage sur les étages ou dans les logements, absence de salle communautaire bien aménagée, absence de patio, absence d'ascenseur, etc.

Sur toutes ces questions, les locataires ne demandent pas la lune, mais ils et elles souhaitent des réponses intelligentes de le part de la direction de leur office. C'est ce que plusieurs dizaines d'offices ont commencé à faire en répondant positivement, lorsque celé était techni­quement et financièrement possible, aux principales demandes d'améliorations des locataires Ceci, comme l'écrivait la Vice-première ministre, « afin d'améliorer significativement la qualité de vie des résidants actuels des HLM. »

Les vrais débats qu'il reste à faire
Une aussi vaste opération dans 550 offi­ces n'est pas sans soulever plusieurs problèmes. Du point de vue des locataires, au moins quatre grandes questions sont préoccupantes et devraient être discutées lors de notre 9e congrès.

1. Assurer la consultation des locataires sur la nature des travaux
Si plusieurs dizaines d'offices ont répon­du à l'appel du gouvernement du Québec demandant « que tout soit mis en œuvre pour que les résidants aient l'occasion de s'exprimer, dans une démarche de consutation», comme en témoignent les nombreux articles paru: dans notre bulletin, cela n'est cependant pas le cas dans tous les offices. Malheureusement, il existe encore dans bien des offices un point de vue élitiste qui estime que « les spécialistes n'ont rien à apprendre des pauvres résidant-e-s, surtout sur le plan technique. Alors pourquoi perdre son temps à les consulter?»

Pour assurer le respect de ce principe dans l'ensemble du réseau, nous aurions besoin que la SHQ exige de la part des offices qu'une consultation ces locataires ait eu lieu avant d'accorder les sommes imposantes demandées pour les travaux. Pour qu'un dossier soit complet pour étude, la SHQ devrait demander une preuve que le PPI a été soumis pour consultation auprès des locataires. Il ne s'agit pas ici de demander un quelconque pouvoir décisionnel pour les locatares mais de garan:ir leur droit d'être consultés avant l'adoption des plans pluriannuels d'interventions (PPI) par les offices.

2. La qualité des matériaux utilisés
Afin "d'améliorer significativement la qualité de vie des résidants actuels des HLM", comme l'écrivait la Vice-première ministre, il est important que la SHQ, qui paie 90% du coût des rénovations, détermine dans son cadre normatif des standards de qualité qui répondent aux principales attentes exprimées par les locataires pour améliorer leur quotidien On parle ici de choses simples : couvre-plancher sans entretien, portes et fenêtres efficaces et facilement ouvrable et lavable, barre de sécurité au rez-de-chaussée, meilleur accès ajx salles de lavage, ventilation moins bruyante, etc.

Présentement, il arrive que des locatai­res qui espéraient, depuis 15 ans, faire changer leurs tuiles de vinyle difficiles d'entretien ont la désagréôble surprise de se faire réinstaller le même produit. D'autres se font installer des fenêtres difficiles à ouvrir ou à laver.

3.  La contribution des villes
Puisque les villes doivent assumer 10% des coûts des travaux de rénovation, plusieurs locataires membres de conseil d'administration d'office nous signalent que certains conseillers municipaux poussent fortement pour limiter l'ampleur des travaux et la qualité des matériaux utilisés. Dans certains cas, cela conduit à des affrontements entre ce qui est dans l'intérêt de l'office et des locataires et ce qui est dans l'intérêt de la municipalité qui souhaite réduire ses dépenses.

La SHQ doit apporter une solution à ce problème sinon plusieurs villes, surtout les municipalités vivant de fortes difficultés économiques, se feront tirer l'oreille pour participer à la vaste opération de rénovation de nos HLM. Il serait injuste que les locataires de ces villes soient obligés de vivre des conflits avec les élus locaux pour obtenir leur part des rénovations.

La SHQ a avancé la possibilité d'échelonner sur 10 ou 15 ans une partie de la contribution des villes, sous forme de capitalisation, mais cela ne sera peut être pas suffisamment alléchant pour convaincre toutes les municipalités

4. Le rythme des travaux à travers le Québec
Si la plupart des gros offices ont pu rapidement lancer d'importants travaux de rénovations et profiter de la part du lion des 263 millionsS en 2008, dans le cas de la majorité des 450 petits offices, les retombées positives sont plus longues à venir.

La SHQ est à mettre en place une trentaine de centres de service (CS) qui devraient permettre d'aider les petits offices à remplir leurs obligations, notamment faire le bilan de santé de leurs immeubles. Cependant, les délais s'allongent, les guides et les formulaires que la SHQ doit produire tardent à venir et la possibilité concrète de faire des travaux d'importance semble encore loin pour les petits offices. Y a t-il un danger que

les locataires des petits offices doivent patienter plus lonqtemps que les autres ? De plus, comme ce sont des CS qui feront l'expertise technique, la tentation sera encore plus forte de ne pas y intégrer les besoins exprimés localement par les locataires.

Formulez vos propositions

Le 9e congrès de la FLHLMQ doit servir à trouver des réponses à ces quatre difficultés :

  1. Comment assurer que les locataires seront consultés avant l'adoption des plans de rénovation dans enacun des 550 offices du Québec?
  2. Comment garantir que les rénovations seront faites avec des matériaux de qualité qui répondent aux principales attentes des locataires ?
  3. Ccmment éviter d'avoir à se battre sur le conseil d'administration des offices avec des villes qui voudraient réduire au minimum les travaux pour limiter la cont'ibution municipale?
  4. Comment assurer une juste répartition des budgets alloués a la rénovation et garantir que les petits offices pourront livrer la marchandise en tenant compte des attentes des locataires?

Nous vous invitons à discuter dans vos associations et dans vos CCF; de ces quatre questions et à formuler des propositions qui pourront être soumises au congrès.