Doit-on permettre ou interdire le tabac et le cannabis dans nos habitations ? La question semble plutôt simple mais les réponses sont autrement plus compliquées comme l'a démontré les échanges lors d'une discussion sur zoom organisée le 17 mai par la FLHLMQ.
À partir de l'expérience vécue par trois responsables d'offices: Monique Dallaire de l'ORH de Manicouagan, Jonathan Moreau de l'OH de Val-des-Sources et Lucie Côté de la Corporation des Habitations Jeanne-Mance à Montréal, une cinquantaine de personnes ont soupesé les forces et les limites des différentes approches possibles.
Merci à nos trois panélistes !
Vous pouvez d'ailleurs consulter la présentation qui a servi de base à la discussion:
L'interdiction pure et simple du tabac et/ou du cannabis à l'intérieur des logements et même sur les terrains de l'office peut fonctionner mais elle heurte de front des personnes qui sont au prise avec une dépendance réelle qui ne se résume pas seulement à être respectueux ou non des consignes établies par le propriétaire de l'immeuble. Certains offices ont aussi introduit une notion des droits acquis permettant aux anciens locataires de continuer de fumer mais l'interdisant aux nouveaux, créant ainsi deux classes de locataires avec des droits différents. Jusqu'où pousser les démarches répressives en cas d'incapacité à respecter l'interdiction ? La plupart des offices se limitent à faire des rappels à l'ordre et des mises en garde.
C'est pourquoi certains offices ont fait alliance avec des organismes de prévention et de réduction du tabagisme et du vapotage pour tenter par la positive de venir en aide aux fumeurs et fumeuses dans une perspective de réduction des méfaits.
Parmi le grand nombre d'offices qui n'interdisent pas l'usage du tabac et/ou du cannabis dans les logement, plusieurs reçoivent des plaintes qu'ils traitent à la pièce en fonction de la gravité du préjudice vécu par les autres locataires. Encore là, l'intervention des OH se résume généralement à faire des rappels demandant aux fumeurs et aux fumeuses d'être plus respectueux de leurs voisin-e-s en modifiant certaines habitudes. En réaction aux plaintes reçues, certains offices ont aussi développé une certaine expertise pour limiter la circulation de la fumée secondaire en isolant mieux les murs de chambres à coucher, en améliorant la ventilation, etc.
À Val-des-Sources, l'office a transformé un immeuble en logement pour non-fumeurs. Cela est respecté par la plupart des résidant-e-s mais cela requiert un suivi et des rappels car la situation des familles peut être fluctuante et les rechutes toujours possibles, notamment avec les jeunes. À Montréal, l'office reconnait éprouver des difficultés à faire respecter la consigne d'un immeuble sans fumée à Saint-Michel Nord car les gens ont tellement besoin d'un logement qu'ils et elles sont prêts à promettre n'importe quoi même de ne plus fumer mais la résolution peut être dur à tenir par la suite.
Du côté des locataires, certains non-fumeurs réclament haut et fort le respect de leur droit à vivre dans un environnement sans fumée mais les efforts pour faire respecter ce droit doivent ils aller jusqu'à l'expulsion de ceux et celles qui fument malgré tout et de leur droit à un logement ?
Heureusement, dans la très grande majorité des cas, locataires et gestionnaires sont en mode de recherche de solutions pour favoriser le vivre ensemble dans la perspective de créer des environnement sains pour la santé de tous et de toutes. La solution idéale n'est cependant pas encore trouvée malgré la bonne volonté d'y arriver.