Mesdames les ministres,
La présente fait suite au Forum sur la maltraitance matérielle et financière envers les personnes aînées organisé à votre initiative le 22 février dernier. À cette occasion, une représentante de notre fédération, Mme Elisabeth Pham, a fait une courte intervention qui visait à témoigner des nombreux appels de détresse qu’elle a reçu de la part de locataires aînés au cours de ses quinze années de pratique à essayer de fournir une aide adéquate aux 2 000 personnes qui appellent, chaque année, à la ligne 1-800 de la FLHLMQ.
Comme nous avons depuis reçu écho de réactions négatives à notre intervention dans le réseau des offices d’habitation, qui considère que nous accusons à tort l’ensemble des offices, nous croyons utile de préciser notre position.
Les cas de maltraitance dans les HLM, les coops et les OBNL existent. Ils sont fort heureusement largement marginaux, mais mêmes exceptionnels, ils sont bien réels et intolérables. Nous commettrions une erreur en en exagérant le nombre, mais il serait également très préjudiciable d’en nier l’existence.
Notre devoir est non seulement de dénoncer les cas dont nous avons connaissance, mais également de mettre en place les ressources pour y faire face le plus efficacement possible.
Dans le contexte du logement social au Québec, notre fédération considère que trois mesures peuvent contribuer à renforcer la lutte contre la maltraitance.
1. Jusqu’à tout récemment, le réseau des offices d’habitation était caractérisé par un éparpillement de ses ressources en quelques 537 offices. Dans ce réseau à deux vitesses, beaucoup de locataires se trouvaient desservis par de très petits offices comptant sur de maigres ressources et tombant sous la seule responsabilité d’employés à temps partiel. Dans de telles conditions, beaucoup de directeurs et directrices à temps partiel, qui n’avaient pas toutes les compétences requises pour affronter les multiples défis que représente le milieu des HLM, n’ont pas été à la hauteur de leur mission. La structure morcelée du réseau a malheureusement laissé perduré des conditions favorables aux abus de pouvoir.
C’est une des raisons importantes pour laquelle nous fondons beaucoup d’espoir dans le processus de regroupement des offices actuellement à l’œuvre et que nous souhaitons que tout soit réalisé afin qu’il aboutisse dans l’ensemble du Québec. C’est le gage d’une nécessaire professionnalisation du réseau et un rempart contre les risques de dérapage dans les relations d’autorité entre locateurs et locataires en HLM.
2. Dans le même ordre d’idée, la FLHLMQ appuie les demandes du réseau des offices afin d’augmenter les ressources disponibles en matière de soutien communautaire. Nous avons d’ailleurs écrit une lettre conjointe avec le Regroupement des offices d’habitations du Québec (ROHQ) sur cet enjeu.
Les problématiques sociales sont nombreuses et complexes parmi la population habitant en HLM. Il est d’autant plus important que du personnel adéquatement formé soit disponible en nombre suffisant pour répondre avec justesse aux besoins des locataires et pour éviter que des gestionnaires ne se trouvent à devoir gérer des situations qui risquent de leur échapper.
3. Finalement, nous souhaiterions la mise en place d’un recours plus clair et efficace à la SHQ. Nos dénonciations se perdent littéralement dans les dédales de la SHQ. Entre la PDG, le service des plaintes, les conseillers en gestion, les centaines de mandataires de la SHQ, l’accueil, l’accompagnement et le suivi des plaintes laisse beaucoup à désirer.
Depuis des années, notre fédération recommande la création d’un poste d’ombudsman afin de veiller sur l’ensemble des locataires vulnérables couverts par les différents programmes de la SHQ. D’autant plus que le Protecteur du citoyen n’a pas juridiction sur les centaines de mandataires de la SHQ. Un ombudsman pourrait accueillir et accompagner les gens dans leurs doléances, agir comme médiateur auprès des ministères et mandataires de la SHQ et produire des recommandations pour améliorer la situation lorsque nécessaire.
Sachant que la lutte à la maltraitance à l’égard des personnes aînées vous tient à cœur, nous espérons que vous accorderez à nos demandes la considération qu’elles méritent.
Veuillez agréer, Mesdames les ministres, l’expression de notre considération distinguée
Robert Pilon,
Coordonnateur de la FLHLMQ