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Faisons notre part pour accueillir les réfugié-e-s de Syrie

Soumis par Rédaction le

C'est à l'unanimité que les douze membres du CA de la FLHLMQ ont convenu de demander au gouvernement de retirer, de façon exceptionnelle, la clause des 12 mois de résidence afin de permettre aux réfugié-e-s de pouvoir être admissible à la liste d'attente des HLM dès leur arrivée. Une lettre a été adressée au ministre Pierre Moreau à cet effet le 7 décembre. Prenez connaissance de nos arguments en faveur de l'accueil des réfugié-e-s.

Depuis quelques mois, une crise humanitaire accable la population syrienne qui fuit par millions une guerre particulièrement cruelle pour les civil-e-s et pour certaines communautés religieuses ou ethniques. Selon les estimations, le conflit aurait fait depuis 2011 entre 200 000 et 300 000 mort-e-s, 7,6 millions de déplacé-e-s internes et plus de 4 millions de réfugié-e-s. Espérant trouver refuge ailleurs, plusieurs ont laissé leur vie dans un parcours extrêmement risqué pour gagner l’Europe.

Le Canada est à la fois un des pays les plus prospères du monde et un des États ayant contribué dans les dernières années à la déstabilisation militaire et politique du Moyen Orient. À ce titre, nous croyons qu’il a une responsabilité morale dans l’accueil des réfugié-e-s qui cherchent à se mettre à l’abri des horreurs de la guerre et du fanatisme. L’objectif fixé par le gouvernement canadien de 25 000 pour l’ensemble du pays et de 5 700 pour le Québec est louable.

Il existe des précédents à un tel choix politique. Au milieu des années 1970, le Canada a accueilli des milliers de réfugié-e-s vietnamien-ne-s quittant un pays ravagé par la guerre. Plusieurs ont trouvé à se loger dans des HLM et sont aujourd’hui, avec leurs enfants, partie prenante de la société québécoise.

Nous sommes donc favorables à l’accueil des réfugiés syriens au Québec et nous appuierons la mise à contribution du parc de logement HLM dans cette opération humanitaire. Selon nous, la mise à disposition de HLM devrait s’inscrire dans un plan plus large qui inclurait également le financement de nouvelles places du Programme de supplément au loyer dans des projets de logement social et sur le marché privé. Nous invitons en outre nos alliés des mouvements des coopératives et des OBNL d’habitation à prévoir la mise à disposition de logements vacants pour participer à l’accueil des réfugiés.

Quel sera le statut des réfugié-e-s ?

Lorsqu’un réfugié syrien arrive au Canada, il est reçu à titre de résident permanent, donc le gouvernement canadien considère qu’il demeurera ici avec la possibilité d’y refaire sa vie.

Un résident permanent jouit de la plupart des droits des citoyens canadiens, y compris la couverture des soins de santé. Il peut :

  • Habiter, travailler ou étudier n’importe où au Canada;
  • Bénéficier de la protection des lois canadiennes et de la Charte canadienne des droits et libertés.
  • Demander la citoyenneté canadienne;

Les résidents permanents doivent payer des impôts et respecter toutes les lois canadiennes à l’échelle fédérale, provinciale et municipale.

(réf. : http://www.cic.gc.ca/francais/nouveaux/ausujet-rp.asp)

Pourquoi suspendre de la règle des 12 mois pour les réfugié-e-s ? S’agit-il d’un privilège ? Les Québécois sont-ils lésés ?

Nous proposons d’abolir ce délai pour les réfugiés en raison de l’extrême gravité de leur situation et de l’urgence de leurs besoins. Ce n’est pas de privilégier les réfugiés syriens au détriment des citoyens québécois. Effectivement, un citoyen québécois peut en TOUT TEMPS faire une demande. La limitation du 12 mois s’applique uniquement aux cas où une personne désire faire une demande dans une AUTRE ville que celle où elle réside présentement. Or, il est bien évident qu’un réfugié, de par son statut de nouvel arrivant, ne pourrait vraisemblablement pas se soumettre à cette obligation. Mais personne ne se trouve désavantagé par cette proposition.

N’y a-t-il pas déjà trop de monde à aider ? trop de monde sur les listes d’attente ?

Nous sommes en faveur d’une société égalitaire où la population n’est pas divisée en catégories avec plus ou moins de droits. Si nous considérons que les réfugié-e-s ont droit aux mêmes services qu’un citoyen canadien, pourquoi n’auraient-ils pas aussi droit aux HLM ?

La question qui se pose en ce qui les concerne, c’est quelle est la meilleure manière de les intégrer ? Or les HLM sont un des moyens à privilégier pour répondre aux besoins de ces réfugiés. Non seulement offrent-ils des logements financièrement accessibles, mais ils protègent également contre la discrimination qui rend difficile l’accès à une habitation décente sur le marché privé pour des pans de la population stigmatisée par divers préjugés. Ils sont également des milieux propices à un soutien communautaire favorisant l’intégration la plus harmonieuse possible à la société d’accueil.

Défendre le droit aux HLM à tous ceux et celles qui en ont besoin, c’est non seulement faire une place aux réfugié-e-s, mais c’est aussi continuer nos luttes pour un meilleur financement du logement social et le développement de nouveaux projets. Plutôt que de se laisser diviser par l’insuffisance des ressources actuellement disponibles, les plus pauvres, peu importe leurs origines, ont intérêts à s’unir sur la base de leurs besoins communs pour revendiquer plus de logements sociaux, et plus de justice sociale en général.

Faut-il avoir peur des réfugié-e-s ?

Les réfugié-e-s fuient la guerre et la terreur. Ils et elles aspirent à une vie paisible, comme nous. Ils et elles ne sont pas davantage sujet à la violence ou à la criminalité que le reste de la population et ils et elles le seront d’autant moins que nous saurons leur témoigner notre solidarité et les mettre à l’abri de la misère et l’exclusion sociale. Il faut savoir faire la part des choses entre la réalité et la vision déformée que nous en donne certains médias qui misent sur l’insécurité.

Nous sommes conscients que ce sujet est très émotif et que plusieurs en désaccord avec la position du CA évoqueront des arguments d’injustice, de peur, d’ignorance et même de racisme.

Nous vous invitons à en discuter calmement, avec respect et d’élever le niveau de discussion en vous fiant sur des arguments qui reposent sur les faits et l’aspect humanitaire de la situation.

En conclusion, nous faisons nôtres les mots de nos homologues de France, la Confédération nationale du logement, face aux événements tragiques du 13 novembre à Paris : « Ces attentats se nourrissent du rejet, du repli, des fractures de notre société, favorisés par le manque de perspective engendré par l’austérité. Nous estimons d’autant plus nécessaire d’y opposer une réaction de solidarité et de fraternité. »