
Le 29 janvier, la FLHLMQ a eu le plaisir d’animer une formation sur la participation des locataires à l’invitation de l’Office d’habitation de Longueuil. Une quinzaine d’intervenantes communautaires de huit offices de la Montérégie étaient présentes pour cette journée.
D’entrée de jeu, Robert Pilon, s’est permis d’utiliser deux citations du professeur Paul Morin de l’Université de Sherbrooke, qui a mené plusieurs recherches sur la participation des locataires de HLM au Québec, pour questionner les intervenantes communautaires sur le sens de leur travail.
« Entretenir une image positive des locataires, favoriser la communication entre eux et les dirigeants, les assister dans leur implication et leur conférer un pouvoir réel en les considérant non pas comme des clients, mais comme des citoyens sont des orientations qui contribuent positivement à leur participation ».
« La gestion sociale est un défi pour les dirigeants, car un bon nombre d’entre eux sont habitués de se soucier presque uniquement de la gestion immobilière et ne possèdent pas les compétences nécessaires pour s’en occuper. Dans certains OH, il est également difficile de déloger une culture organisationnelle (parfois de longue date) qui considère les locataires comme des bénéficiaires de l’État ou de simples clients de services d’habitation, plutôt que comme des citoyens dotés de besoins spéciaux avec qui il faut interagir, consulter et partager le pouvoir ».
Les échanges avec les participantes, toutes très motivées, ont rapidement permis de constater que les besoins en formation n’étaient pas les mêmes d’un office à l’autre car les personnes n’avaient pas été engagées pour accomplir nécessairement les mêmes fonctions.
Comme il n’existe pas à travers le Québec, une définition officielle du mandat confié aux intervenant-e-s communautaires œuvrant dans les offices pour la simple et bonne raison que ce poste n’est ni reconnu, ni financé par la SHQ mais qu’il est plutôt le résultat de montages financiers en provenance des CISSS (soutien communautaire en logement social), des municipalités ou des MRC (service d’aide à la recherche d’un logement), les intervenantes sont souvent placées devant plusieurs choix d’intervention qui varient en fonction des orientations dictées par la direction de leur office. Il existe bien, depuis 1998, un cadre sur le soutien communautaire en logement social au MSSS mais celui-ci maintient un certain flou artistique sur les activités entourant la gestion du bail et la primauté de la gestion immobilière versus la gestion sociale.
- Certaines se voient comme organisatrice communautaire avec mission d’aider les locataires de chaque immeuble à s’associer pour développer leur pouvoir d’agir, gérer leur salle communautaire et participer avec les autres associations de locataires au CCR et à des partenariats avec l’office ;
- Certaines se voient comme travailleuse sociale ou éducatrice spécialisée avec pour mission de dépister, référer et, possiblement, mener à bien un plan d’intervention auprès des locataires en difficulté ;
- Certaines assument des responsabilités entourant la gestion des baux (non-paiements, plaintes, demandes de transfert, dossier au TAL), aide à la recherche de logement et au maintien des PSL;
- Et d’autres reçoivent le mandat d’organiser des activités de loisirs ou des services dans les immeubles avec le soutien d'organismes externes.
Évidemment, il est impossible de demander à une seule personne de mener à bien ces différentes missions toutes très valables et comme les équipes sont toujours très réduites, il faut faire des choix stratégiques sur le mandat qui sera dévolu aux intervenant-e-s communautaires.
À la FLHLMQ, nous affirmons que la SHQ, de par sa loi et de par sa directive sur la participation des locataires, est claire dans les choix stratégiques que les OH devraient adopter lorsqu’elle précise qu’elle favorise la mise sur pied d’associations de locataires dans tous les logements administrés par les offices et qu’elle fait obligation aux offices d’avoir un comité consultatif des résidant-e-s (CCR).
Il ne s’agit pas ici de nier qu’il existe d’énormes besoins en matière de soutien à des personnes vulnérables et en difficulté dans nos immeubles. Le soutien aux individus demeure une nécessité.
Mais, comme le démontre l’existence et le travail de plus de 300 associations de locataires et de 70 CCR au Québec, l’action bénévole et l’implication citoyenne ont un effet structurant dans nos habitations, notamment sur l’entraide entre les locataires.
Le professeur Paul Morin l’a d'ailleurs bien constaté dans ses recherches lorsqu’il affirme que :
« Les locataires s’impliquent dans les milieux HLM pour: être satisfaits de leur logement et de leur qualité de vie; obtenir un pouvoir d’influence sur leur milieu de vie et leurs droits; améliorer le « vivre ensemble » et le capital social; favoriser leur développement personnel et leur intégration sociale. La participation des locataires a des bienfaits sur tous ces aspects en plus d’améliorer la gestion des HLM ».
Photo: Les intervenantes communautaires des offices de la Montérégie