Le 30 septembre dernier, la FLHLMQ écrivait à la ministre Andrée Laforest afin de lui demander d’intervenir rapidement dans la crise qui secoue le troisième plus gros office au Québec. Depuis 18% des employés ont quitté, dont plusieurs ayant de 20 à 30 années de services. Le service des immeubles, le service à la location et le service à la clientèle sont désertés. Des dizaines de logements demeurent vacants et les services offerts aux locataires sont compromis. Une plainte en déontologie contre la présidente du conseil et la directrice a été logée à la SHQ par au moins quatre administrateurs.
Madame la ministre,
En raison du climat toxique qui a provoqué une véritable hécatombe au sein du personnel de l’office public qui gère 2 276 logements HLM dans l’agglomération de Longueuil et qui prive les citoyen-ne-s à faible revenu de services essentiels, nous vous demandons d’enquêter sur les problèmes importants de gouvernance que semblent éprouver ce mandataire majeur de la Société d’habitation du Québec.
C’est la première fois en vingt-sept années d’existence que notre fédération, qui regroupe les 65 000 ménages habitant les HLM du Québec, demande une telle enquête qui possiblement pourrait conduire à une tutelle temporaire en vertu de l’article 85.2 de la loi de la Société d’habitation du Québec. Nous considérons les faits suffisamment graves pour justifier une telle action de votre part.
Dans la période du 1er juillet, en pleine crise du logement, près de cent logements sont demeurés vacants en raison des lacunes dans le service de location. Le taux de vacance était de 3% à l’office alors que des dizaines de citoyen-ne-s étaient à la rue.
En pleine pandémie, la FLHLMQ a reçu de nombreux témoignages de locataires et de leurs associations affirmant que la désinfection quotidienne ne se faisait pas et que les consignes sanitaires n’étaient pas respectées.
Depuis la nomination d’une nouvelle direction générale en juillet 2019, l’office connait une véritable hémorragie de personnel. Congédiements surprises de plusieurs cadres d’expérience, démissions, congés de maladie, départs précipités à la retraite, de nombreux cadres et employé-e-s désertent l’office en invoquant le climat toxique de travail. De nombreux postes devenus vacants non pas été comblés et les cols blancs ont cru bon de se syndiquer pour la première fois de leur existence. Deux lettres en annexe, en provenance des cadres et employé-e-s de l’office, témoignent de leur désarroi devant la crise qui paralyse l’office et mine la qualité des services offerts aux citoyens.
Du côté des services aux locataires, le Comité consultatif des résidents (CCR) est dans l’incapacité de communiquer avec la direction, les travaux d’entretien et de rénovation laissent à désirer comme jamais et les plaintes ne se comptent plus. Les services à la clientèle sont devenus, pour ainsi dire, inexistants.
Devant ces difficultés, le conseil d’administration est lui-même victime d’une guerre intestine qui l’empêche d’être fonctionnel. Des décisions prises majoritairement par le CA de l’office, dans les dernières semaines, pour corriger la situation, notamment la suspension/ou la fin du lien de travail de la directrice, n’ont pas été mises en application par la présidente du conseil ce qui a provoqué une crise de confiance. Auparavant, les administrateurs avaient été privés pendant plusieurs mois des informations relatives au contrat de travail de la directrice et de ses modalités de probation. Lors d’un débat sur ces questions, la présidente du conseil a tenté de remettre en question le droit de vote des administrateurs élus par les locataires en invoquant la notion de conflit d’intérêts. Les derniers votes portent à croire qu’il existe une division profonde au sein du CA et une incapacité collective d’assumer la saine gouvernance de l’office.
Pour ces raisons, Madame Laforest, nous sollicitons une intervention rapide de votre part afin de vérifier ces faits et, le cas, échéant, de venir en aide aux administrateurs dans le but de remettre sur pied la bonne gouvernance de l’office et les services aux citoyens dans le besoin.
Veuillez recevoir l’expression de nos meilleurs sentiments.
Robert Pilon
Coordonnateur de la FLHLMQ