Le 25 avril, Radio-Canada a publié un reportage sur l'état des regroupements d'offices au Québec.
La ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, rejette la proposition de la Fédération des locataires de HLM du Québec de fusionner de force les offices municipaux d'habitation qui ne se sont toujours pas joints au processus de regroupement lancé en 2015.
L'objectif des fusions est d'avoir des offices plus gros avec du personnel à temps plein et spécialisé capable d'offrir de bons services aux 150 000 Québécois qui vivent en HLM.
Outre la gestion des HLM, les offices municipaux d'habitation s'occupent aussi du Programme de supplément au loyer, auparavant appelé AccèsLogis, qui permet à un ménage de ne payer que 25 % de ses revenus pour se loger, comme dans un HLM, mais dans un logement privé.
Québec demande aussi maintenant aux offices d'offrir un service d'aide à la recherche de logement, ce que les petits offices, qui ne disposent pas d'assez de personnel, n'offrent pas encore.
France-Élaine Duranceau soutient que l'objectif d'avoir moins de 100 offices au Québec sera atteint prochainement. De 538 offices d'habitation au Québec en 2015, leur nombre est passé à 149 en 2023. Avec la nouvelle vague de fusions lancée l'automne dernier, ce nombre baisserait à 93, selon un document de la Société d'habitation du Québec (SHQ).
La ministre dit observer un changement d'attitude sur le terrain. Elle soutient que les réticences des petits offices s'estompent.
Certains offices ont de la difficulté. Ça ne va pas nécessairement bien dans tous les offices, alors les gens regardent ça et se disent : "OK, je perds peut-être un petit peu de pouvoir, mais du pouvoir sur quelque chose qui va mal, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée non plus".
Voilà pourquoi Mme Duranceau préfère laisser les projets de fusion en cours se faire naturellement
. À son avis, ce sera pour le mieux
.
France-Élaine Duranceau est députée de Bertrand, une circonscription à cheval sur les régions des Laurentides et de Lanaudière. Au dire du coordonnateur de la Fédération des locataires de HLM du Québec, Robert Pilon, il s'agit justement de régions où le processus de fusion a été retardé en raison de ce qu'il décrit comme des chicanes de clochers dignes d'une autre époque.
Les Laurentides, c'est une des régions au Québec où, malheureusement, dans les six dernières années, le jell-O n'a pas pris en matière de fusions. L'office de Saint-Jérôme, qui est un peu la ville centre dans le Nord, a traversé des périodes difficiles et n'a pas réussi, donc, à être le pôle rassembleur des autres offices
, soutient-il.
Robert Pilon reconnaît que le nombre d'offices a diminué et que l'époque où chaque patelin avait son office municipal d'habitation est révolue. Mais il ajoute que les regroupements n'ont pas donné des offices de plus de 300 logements, seuil critique pour être en mesure d'avoir plusieurs employés aux compétences variées : relation d'aide, comptabilité, inspection de bâtiments, rénovation, etc.
C'est pourquoi il demande à la ministre de se montrer plus ferme face aux offices récalcitrants.
La ministre devrait mettre ses culottes et décréter des fusions. Après six années de pédagogie, je pense que le message est passé. Ceux qui voulaient l'entendre l'ont entendu, puis ceux qui ne voulaient rien savoir, je pense qu'on devrait les forcer à être performants malgré eux.