Le petit monde des HLM est en ébullition car dans sa volonté de réduire le coût de gestion des offices municipaux d'habitation, il semblerait que la Société d'habitation du Québec étudie sérieusement la proposition formulée par la FLHLMQ à l'effet de regrouper les petits offices sur la base des 88 municipalités régionales de comté (MRC) qui se partagent le territoire du Québec.
Contrairement à la Wallonie, en Belgique, où le réseau des offices d'habitation a été regroupé en 64 offices afin d'en assurer le professionnalisme, le trop grand nombre d'offices au Québec, soit 537, cause le morcellement et l'éparpillement des ressources. Ainsi au Québec, 68 offices administrent 53 000 logements alors qu'ils sont 469 petits offices à gérer les 10 000 logements restants, soit une moyenne de 20 logements par office.
Cette trop grande décentralisation fait en sorte qu'il existe un réseau à deux vitesses dans nos HLM. Celui des 68 offices professionnels avec du personnel à temps plein administrant 84 % du parc HLM et celui des 469 petits offices gérant 16 % des HLM, avec du personnel à temps partiel, souvent à 4 ou 6 heures par semaine, que la SHQ n'arrive pas à bien former et à superviser et où la gestion est déficiente ainsi que les services aux locataires.
Cette réalité a été confirmée par une étude réalisée en 2014 pour le compte de la SHQ, par la firme CFC management et ressources humaines, qui démontre que les locataires des offices de moins de 100 logements ne bénéficient pas des mêmes services de qualité que les locataires administrés par des offices de plus de 100 logements. On pourrait également ajouter que le morcellement des offices empêche la mise en place d'une liste d'attente centralisée pour les demandeurs et affaiblit la capacité de réaliser de nouveaux projets d'habitation dans les régions.
À la demande de la FLHLMQ, le gouvernement du Québec a bien amendé la Loi de la SHQ, en 2002, pour permettre aux MRC de décréter leur compétence sur la gestion des HLM mais seul l'Office régional du Lac-des-deux-Montagnes, en 2013, a réussi à triompher de l'esprit de clocher qui prime dans l'administration locale des HLM. Si l'existence de cet office démontre que les offices régionaux peuvent être un franc succès, elle constitue aussi l'exception qui confirme que les regroupements sur une base volontaire demeurent rares, voire impossibles. Ce sont les fusions forcées des municipalités qui ont contraint une centaine d'offices à se regrouper en 2002.
Loin de créer des monstres bureaucratiques, la fusion des 469 petits offices permettrait de consolider un réseau de 88 offices régionaux d'habitation (ORH) qui géreraient au total 22 847 logements, soit une moyenne de 260 logements par office. Les 39 404 autres logements HLM sont déjà administrés par une douzaine de grands offices dans les villes centres du Québec.
Pour permettre aux locataires et aux demandeurs de tout le Québec de bénéficier de services de la même qualité, il est temps que le gouvernement du Québec ne fasse pas seulement dire que la gestion des HLM peut être de compétence des MRC mais qu'il en fasse une compétence obligatoire, au même titre que la gestion des autres services régionaux comme la sécurité publique et l'aménagement du territoire. Cela aurait aussi pour effet de mettre en place, dans tous les offices, les instances de participation des locataires que la loi exige mais qui font défaut dans plusieurs centaines de petits offices.
La FLHLMQ est prête à accompagner le gouvernement dans cette direction afin de consolider et d'améliorer le réseau des HLM.