La ministre Andrée Laforest doit prioriser la rénovation des HLM dans son plan d’action qu’elle annoncera en début de 2022 !
Dans le contexte de la crise du logement que nous vivons, nous sommes à même de constater combien les 71 000 logements HLM que nous avons sont précieux à ceux et celles qui ont besoin d’un logement à prix abordable. C’est un patrimoine collectif bâti au cours des cinquante dernières années d’une valeur de près de 14 milliards $ qui est ouvert à toutes les populations vulnérables sans aucune discrimination.
Malgré les progrès réalisés dans la rénovation des HLM au cours des dernières années, ce patrimoine demeure sérieusement menacé comme en témoigne les HLM barricadés à Montréal, Saint-Jérôme et Joliette. Les HLM ne sont pas à l'abri des démolitions. Il suffit de se rappeler des 32 logements HLM pour familles passés sous le pic des démolisseurs à Daveluyville, le 22 mars 2018, sous prétexte qu’on avait trop tardé à les rénover.
La FLHLMQ évalue à au moins 2 milliards $ les sommes nécessaires à la remise en état des HLM à travers le Québec. C’est pourquoi nous revendiquons que la SHQ obtienne 400 millions $ par année pour les 5 prochaines années.
Dans le dernier budget du gouvernement du Québec, le plan annuel de gestion des investissements en infrastructure 2021-2022 évalue à 249,4 M $ le déficit de maintien des actifs des HLM au Québec. Mais la réalité est toute autre. À lui seul, l’office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui possède le tiers des HLM au Québec, évaluait, en septembre 2020, avoir besoin, de toute urgence, de 991 millions $ pour remettre en état ses 684 immeubles cotés D ou E, soient les pires cotes de vétusté.
Dans son plan stratégique 2017-2021, la SHQ s’était fixé l’objectif de ramener les immeubles cotés D ou E à, au moins, la cote C sur une période de cinq ans. Dans son plus récent rapport de gestion, elle a dû admettre qu’elle n’avait atteint, en quatre ans, que 43 % de son objectif. La SHQ est simplement dépassée par l’ampleur des coûts des travaux à faire.
La SHQ dispose pour 2021-2022 de 144 M $ du gouvernement du Québec et de contributions de 143 M $ de la SCHL et de 14 M $ des villes dans le cadre d'une entente sur le RAM qui prévoit 238 M $ de dépenses conjointes pour cette année. La SHQ avait une entente sur 5 ans avec la SCHL et celle-ci prend fin cette année. Elle tente de resigner une nouvelle entente pour les 5 prochaines années mais celle-ci sera moindre car le nombre de HLM sous convention va énormément diminuer au cours des 5 prochaines années.
Si au 31 mars 2022, 22 600 unités de HLM, soit 32 % des 71 060 unités seront hors convention, au 31 mars 2027, se seront 51 200 unités de HLM, soit 72 % des 71 060 qui seront devenues hors convention. On verra ce que donneront les négociations mais il ne faut pas s’attendre à obtenir beaucoup plus que 100 M $ par année de la part de la SCHL.
Il devient donc essentiel que les 758 M $ en provenance du fédéral prévus au volet 2 de l’entente Canada-Québec sur le logement et une somme égale du gouvernement du Québec servent à rénover nos HLM. La porte s’est ouverte un peu à cette possibilité lorsque la ministre Laforest a annoncé en mai 2021 qu’un premier 100 millions $ serait alloué à rénovation des HLM barricadés à Montréal. Elle a également indiqué qu’elle pourrait avoir d’autres annonces à faire pour d’autres HLM ailleurs au Québec. Comme ce 100 millions $ provenait de l’entente sur le logement (50 M $ d’Ottawa et 50 M $ de Québec),il s’agit donc d’un précédent encourageant pour nous.
Si la ministre Andrée Laforest fait une priorité de la rénovation de nos vieux HLM dans le plan d’action qu’elle veut annoncer au début de 2022, il deviendra possible d’obtenir 1,5 milliards dans le cadre de l’entente et d’obtenir 500 millions $ de la SCHL, soit suffisamment pour financer un plan de 400 millions $ sur 5 ans pour investir les 2 milliards $ dont les HLM ont besoin pour assurer leur survie dans tout le Québec.
Photo: Démolitions des HLM à Daveluyville en 2018.