Monter des marches, pousser des portes trop lourdes, transporter un panier de linge à la salle de lavage sont autant de petits gestes qui semblent anodins quand ont est en pleine forme, mais la réalité est que bien peu de gens sont vraiment « en pleine forme ». La FLHLMQ a rencontré Sophie Lanctôt, directrice de la Société logique, pour qu’elle nous explique comment les offices peuvent profiter des budgets alloués à la rénovation des HLM pour mettre en application le principe de l’accessibilité universelle.
Qu’est ce que l’accessibilité universelle ?
Souvent, les gens confondent l’accessibilité universelle et l’adaptation des logements. Ce sont deux idées très différentes. L’adaptation, c’est ajuster un logement aux besoins précis de son locataire, par exemple en abaissant un comptoir, en installant un ouvre-porte automatique, un lève-personne pour un locataire qui se déplace en fauteuil roulant ou une alarme incendie stroboscopique pour un locataire ayant une déficience auditive. Ce sont des modifications qui ne sont appropriées que pour la personne pour laquelle elles ont été faites. Alors que l’accessibilité universelle, c’est faire en sorte qu’un bâtiment soit conçu pour à la fois être facile à adapter, mais surtout pour faciliter la vie de chacun de ceux qui y vivent, incluant les personnes ayant toutes sortes d’incapacités, visuelles, auditives, motrices, etc. Par exemple, prévoir des portes patio avec des seuils bas et en biseau évite à tout le monde de « s’accrocher les pieds » en y passant, tout en permettant a une personne en fauteuil roulant de profiter du balcon.
Mais ce genre de travaux doit coûter plus cher à réaliser non ?
Pas s’ils sont planifiés dès le début.
La clé d’un bon processus est de bien penser à son affaire dès qu’on décide des travaux à réaliser, avant même de donner un contrat à l’architecte et de commencer les plans, et bien évidemment, avant de signer les contrats avec les entrepreneurs! Il existe plusieurs documents qui expliquent comment faire de l’accessibilité universelle, la clé est que, dès le début du projet, tous ceux qui sont impliqués soient sur la même longueur d’ondes et comprennent bien ce qu’on veut faire.
Est-ce que les gens qui habitent les logements à rénover peuvent faire quelque chose pour favoriser l’accessibilité universelle et réduire les coûts ?
Bien sûr, les résidants connaissent les problèmes et leurs besoins, petits et grands, qui les empêchent de profiter pleinement de leur logement. Utiliser leurs connaissances, leur demander ce qui ne va pas dans leur bâtiment et dans leur logement est un très bon point de départ pour concevoir des travaux qui répondront mieux à leurs besoins.
Est-ce que l’accessibilité universelle est seulement une question de seuil de porte ?
Non, l’ensemble de l’immeuble peut et doit être pensé en terme d’accessibilité universelle. Par exemple, il devrait être normal, surtout dans un immeuble pour personnes âgées, de pouvoir aller à une salle de lavage sans avoir besoin de monter ou descendre d’escaliers. Les escaliers devraient avoir des mains courantes des 2 côtés, afin de pouvoir se tenir en tout temps. On peut aussi parler des couleurs et de l’éclairage : de bons contrastes permettent de se repérer facilement, et on se sent plus en sécurité dans un lieu bien éclairé.
Et que dire des revêtements de sol : les tapis ont plusieurs effets nocifs, ils favorisent les problèmes moisissures, ils rendent les déplacements avec des cannes, des marchettes ou des fauteuils roulants plus difficiles. Les tapis d’hiver sont souvent mal posés et enfargeant. De la même manière, il faut installer des revêtements de sol qui nécessitent peu d’entretien dans les logements. Décaper et cirer un plancher de tuiles n’est certainement pas une activité accessible à beaucoup de monde !
Y-a-t-il d’autres exemples de préoccupations que les gestionnaires devraient avoir en tête lorsqu’ils planifient des travaux majeurs ?
Je pense, entre autres, aux entrées et aux rampes d’accès qui ne permettent pas de circuler aisément avec un quadriporteur, un équipement utilisé par un nombre croissant de personnes âgées. Aux issues aussi, qui devraient être accessibles. Et enfin, aux fenêtres ! Souvent, avec la hausse des coûts de l’énergie, on pose des fenêtres très efficaces pour le chauffage mais malheureusement très lourdes. Ces fenêtre sont difficiles à manipuler et à laver, y installer des climatiseurs n’est pas de tout repos non plus. Pourtant, il est possible d’avoir des fenêtres qui protègent du froid tout en étant facile à utiliser, il suffit d’y penser au moment de choisir le modèle.