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Entrevue avec Me Guylaine Marcoux, PDG de la SHQ

Soumis par Rédaction le

Guylaine Marcoux est devenue la première femme en 50 ans à être nommée PDG de la Société d'habitation du Québec. Il s'agit, pour l'instant, d'un mandat intérimaire.  Voici l'entrevue qu'elle nous a accordé sur les principales questions concernant nos HLM.

1-Regroupement des offices

La fédération suit avec intérêt la démarche de regroupement des offices. Comme vous le savez, nous nous inquiétons que, dans certaines régions, le meilleur intérêt des locataires soit sacrifié au profit de considérations politiques locales ou d’intérêts personnels. Comment la SHQ compte-t-elle s’assurer que les regroupements réalisent partout la consolidation des ressources la plus efficace possible ?

Réponse :

Le gouvernement désire que le projet de regroupement des offices d’habitation (OH) se réalise de manière volontaire en fonction des réalités régionales. Rappelons que la restructuration du réseau des offices vise en premier lieu à offrir de meilleurs services aux locataires d’habitations à loyer modique (HLM) et aux personnes à la recherche d’un logement social. 

Ainsi, la SHQ travaille en étroite collaboration avec les intervenants locaux  afin de s’assurer que l’amélioration des services offerts à la clientèle demeure l’objectif principal des projets de regroupements d’OH.

Les bénéfices escomptés sont les suivants:

  • Meilleure accessibilité au logement social;
  • Plus grande variété des services offerts;
  • Meilleure accessibilité et disponibilité des services offerts;
  • Amélioration des services offerts grâce au développement de l’expertise dans les offices.

Incidemment, et à moins de circonstances exceptionnelles, chaque projet de regroupement déposé à la SHQ doit respecter les conditions suivantes :

  • Regroupement d’un nombre significatif d’OH sur un territoire donné;
  • Création d’OH permettant l’embauche de personnel à temps plein;
  • Regroupement établi sur la base de consensus.

Pour favoriser une consolidation efficace des ressources, nous avons également déployé du personnel dans toutes les régions du Québec pour soutenir les projets de regroupement, distribué un guide d’accompagnement sur la restructuration du réseau des offices d’habitation et livré cinq webinaires sur le même thème. Ces derniers ont regroupé un total de quelque 200 participants.

La SHQ travaille également avec ses partenaires, soit la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec, l’Union des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités et le Regroupement des offices d’habitation du Québec afin d’assurer les liens nécessaires avec les municipalités et les OH.

2-Services de proximité

La restructuration du réseau des offices suscite des préoccupations légitimes de locataires quant à la proximité et à l’accessibilité des services d’offices couvrant dorénavant de plus grands territoires. Elle offre aussi l’occasion de réorganiser le travail au sein des nouveaux offices. Dans ce contexte, la SHQ compte-t-elle encourager les offices à avoir recours au travail de concierges-résidents comme il en existe déjà dans quelques villes, à la satisfaction des locataires et des directions ?

Réponse :

Nous sommes d’avis que le recours à des concierges-résidents dans le réseau des offices est une avenue intéressante. C’est pourquoi la SHQ a entamé une réflexion à ce sujet afin de garantir, notamment, le maintien de services de proximité et le développement de mesures d’employabilité. Cette option   demeure toutefois un moyen parmi d’autres.  Ainsi, la SHQ compte analyser les différentes mesures mises en place dans le réseau des OH, identifier les meilleures pratiques et faire la promotion de celles-ci afin qu’elles puissent s’étendre à l’ensemble du réseau, sous réserve des conventions collectives.

3-Financement des associations en HLM et AccèsLogis Québec

La subvention aux associations de locataires est de 17 $ par logement par an. Pouvons-nous espérer que ce montant soit indexé à 20 $ afin que les associations rattrapent enfin le pouvoir d’achat dont l’inflation les a privées depuis ce temps ?

Par ailleurs, dans le cadre de la révision prévue du programme AccèsLogis Québec annoncée par le ministre Coiteux, est-il possible de prévoir un budget pour accorder le même financement aux associations de locataires dans des immeubles construits en vertu de ce programme ?

Réponse :

La SHQ reconnait l’importance d’offrir un milieu de vie adéquat à ses clientèles.  C’est pour cette raison qu’une somme de 54 $ par logement est offerte aux activités et au soutien à la clientèle, dont 17 $ sont versés directement aux associations.

Les sommes destinées aux activités communautaires et sociales ainsi que celles accordées pour le soutien communautaire ont été instaurées en janvier 2009. En 2010, la subvention destinée aux associations de locataires est passée de 15 $/logement/année à 17 $/logement/année. Cette augmentation est assumée à 100 % par la SHQ.

Par ailleurs, les OH qui le désirent peuvent verser une part des sommes destinées aux activités communautaires aux associations de locataires.

Rappelons que l’un des objectifs du regroupement des OH est d’offrir un meilleur soutien aux locataires et d’améliorer les services leur étant destinés. Au moment opportun, la SHQ pourra évaluer les impacts liés à une éventuelle hausse de la cotisation versée aux associations de locataires.

Quant à la possibilité d’offrir un soutien financier aux résidents des immeubles réalisés grâce au programme AccèsLogis Québec, nous prendrons soin de considérer cette demande dans le cadre de la révision du programme qui est en cours.  

4-Financement des HLM

Les ententes de financement à long terme des HLM conclues entre les gouvernements du Canada et du Québec arrivent progressivement à échéance. La SHQ a-t-elle l’assurance que le gouvernement du Québec continuera d’assumer les déficits d’exploitation des HLM, sans augmenter la contribution des locataires ? Cet engagement dépend-il, à votre connaissance, des négociations avec Ottawa pour du nouveau financement fédéral ?

Réponse :

Le retrait graduel du gouvernement fédéral du financement du logement social est un enjeu majeur pour la SHQ et le gouvernement du Québec. Dans la foulée du dernier budget fédéral du 22 mars 2017, il semble maintenant y avoir une ouverture à un réinvestissement fédéral en logement social.

Le dossier fait actuellement l'objet de discussions entre Ottawa et les provinces et territoires. Le gouvernement du Québec demande un réinvestissement du gouvernement du Canada en compensation de son retrait programmé en vertu des ententes de logement social conclues entre 1971 et 1986.

5-Vermines et parasites

La prolifération des parasites dans les logements – sur le marché privé comme en HLM – est un fléau grandissant. C’est particulièrement vrai pour les punaises de lit dont la propagation est hors de contrôle malgré des interventions soutenues de la part de plusieurs offices. La SHQ compte-t-elle une stratégie pour doter les offices des moyens adéquats pour faire face à cette crise de santé publique ?

Réponse :

La SHQ reconnait le problème et les dépenses engendrées par les traitements parasitaires. Ces dernières peuvent faire l’objet d’un budget ad hoc lorsque le traitement n’est pas récurrent. L’organisme doit alors faire une demande budgétaire à son conseiller en gestion. Il est également possible de prévoir un budget récurrent pour ce type de traitements lorsque ceux-ci sont jugés nécessaires. Sur le plan technique, la SHQ a mis à la disposition de la population une fiche[1] sur les punaises de lit. L’Office municipal d’habitation de Montréal et le réseau de la santé ont également développé de nombreux outils sur le sujet. Enfin, nous comptons sur la vigilance des locataires dans ce dossier et les invitons à déclarer rapidement les nouveaux cas aux autorités concernées.

6-Légalisation de la marijuana

Le gouvernement du Canada ayant annoncé son intention de légaliser la marijuana, on peut prévoir que cette nouvelle réalité suscitera des interrogations dans les HLM. La SHQ prévoit-elle profiter de cette occasion pour se doter d’une stratégie afin que les offices puissent progressivement transformer une partie de leurs immeubles en logement sans fumée ?

Réponse :

Nous sommes sensibles aux préoccupations des gens du milieu qui souhaitent améliorer la qualité de vie dans les HLM. La SHQ est donc disposée à entendre les propositions de la FLHLMQ et des offices d’habitation dans ce dossier. 

Toutefois, l’interdiction de l’usage du tabac ou de la marijuana à l’intérieur des logements, qui sont, rappelons-le, des espaces privés, est une question complexe où le droit des uns à exercer une activité par ailleurs légale doit être analysé par rapport aux inconvénients subis par les autres locataires, comme c'est le cas par exemple pour la possession d'animaux domestiques.

Cette question doit aussi être placée dans la perspective plus large de la politique gouvernementale concernant la lutte contre le tabagisme et notamment la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, qui est sous la responsabilité du ministre de la Santé et des Services sociaux.

7-Table de concertation sur les HLM publics

La Table de concertation sur les HLM publics, où pendant des années ont collaboré notre fédération, les offices et la SHQ, ne s’est réunie qu’une seule fois dans les deux dernières années. La SHQ prévoit-elle remettre en service sur une base régulière cette importante instance de concertation ?

Réponse :

La SHQ prévoit effectivement poursuivre les rencontres de la Table de concertation sur les HLM publics. La Direction de l’intégration et des partenariats, créée le 3 juillet dernier, aura notamment le mandat de coordonner ces rencontres dont la prochaine est prévue à l’automne. La création de cette nouvelle équipe témoigne de l’importance qu’accorde la SHQ au maintien et au développement d’une collaboration active et constructive avec ses partenaires.