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Des chercheurs se prononcent sur l’appropriation du pouvoir dans les HLM

Soumis par Rédaction le

Trois chercheurs du LAREPPS/UQÀM, Paul Morin, François Aubry et Yves Vaillancourt ont complété, en mai 2006, un rapport de recherche pour le compte de la Société d’habitation du Québec.  Il porte sur l'importance de l'appropriation du pouvoir par les locataires. Voici un extrait de cette recherche très intéressante et très détaillée sur les pratiques en HLM.  Photo: CA de l'Association des locataires de HLM de Sorel.

« L’appropriation du pouvoir nous semble constituer le socle sur lequel doit s’élaborer toute pratique d’action communautaire. En effet, comment penser réaliser des transformations du quotidien des résidants sans que ceux-ci soient des acteurs de premier plan du processus ? Celui-ci constitue d’ailleurs un point central de toute démarche d’action communautaire. Cette importance du processus est soulignée par de nombreux auteurs, le développement communautaire étant défini le plus adéquatement par les méthodes de travail employées. Le processus est même le principal résultat de tout projet qui veut résoudre un problème social. Somerville (1998) définit le pouvoir quant au logement comme suit : « […] tout processus par lequel les personnes augmentent leur contrôle quant à leur logement. Ce contrôle peut être individuel ou collectif, tant au niveau de la production que de la consommation, de l’investissement que de la gestion ».

À cet égard, l’expérience des associations de locataires en Grande-Bretagne est instructive, puisque depuis plus de 20 ans, « les résidants sont devenus de plus en plus pour les gouvernements des acteurs majeurs quant à l’amélioration de leur qualité de vie et la rénovation urbaine de leur milieu ». Pour l’auteur, toutefois, cette demande d’implication s’est effectuée dans un contexte général de « responsabilités sans pouvoir pour les résidants », ce qui est loin d’être un facteur favorable à leur participation et au développement du sentiment d’appartenance.

Par ailleurs, si l’on veut avoir la possibilité de développer la compétence d’agir des résidants, il importe que les résidants puissent avoir l’impression qu’en prenant la parole, cela aura des effets positifs sur le milieu. Sur cette question, les OMH ont une responsabilité première de s’assurer que le développement social et communautaire imprègne l’ensemble de l’organisation. Dans une optique de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement du Québec doit être plus interventionniste à cet égard. La consolidation et le développement de la vie associative en milieu HLM ne pourront s’effectuer si les associations, spécifiquement celles œuvrant en milieu familles, n’ont pas accès au financement stable et récurrent. En ce milieu précis, les pratiques d’action communautaire sont majoritairement issues des organismes communautaires. Il importe donc de concilier les intérêts de ces deux acteurs, qui sont manifestement convergents. Ainsi, des projets structurants pour le milieu pourront plus facilement émerger et, de ce fait, les résidants seront à même de développer une base solide reposant sur une activité locale et une expérience organisationnelle.

Recommandations

  • Assurer la consolidation et le développement des CCR ;
  • Assurer un financement adéquat aux ressources de soutien (association de familles, OMH, organismes communautaires) afin que le milieu familles soit en mesure de réaliser des activités et se donner une continuité d’action tout en tenant compte de ses réalités ;
  • Financer des projets de recherche-action afin de contribuer à la valorisation du savoir expérientiel des résidants, notamment le travail des CCR ;
  • Réaliser un programme de formation continue destiné aux résidants et ce, avec la participation des acteurs concernés. »