
Est-ce possible que les travaux de rénovation effectués pour mieux isoler nos HLM et faire des économies d’énergie en hiver puissent avoir l’effet pervers d’accroître la chaleur dans nos logements durant l’été ? C’est la conclusion à laquelle en arrive une équipe de chercheurs dans une analyse publiée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), en décembre 2024.
L’Équipe de la santé publique de l’Outaouais, en collaboration avec l’Office d’habitation de l’Outaouais (OHO) a voulu mesurer l’efficacité des mesures d’adaptation à la chaleur, implantées dans le cadre de travaux de rénovation, de plus de 10 millions $, du secteur Jean-Dallaire Gatineau.
De nombreuses améliorations ont été apportées à des maisonnettes et des multi-logements construits au début des années 70, notamment l’isolation des murs, des membranes pâles sur les toits, du triple vitrage, l’installation d’échangeurs d’air mais aussi des mesures passives : pare soleil, végétation, ventilation des entretoits, etc.
Selon les conclusions des chercheurs :
- « Optimiser l’étanchéité et l’isolation des bâtiments résidentiels peut s’avérer efficace dans la perspective d’économie d’énergie en période hivernale, mais peut aussi contribuer à la surchauffe des aires habitées en période estivale lorsque des mesures additionnelles visant à évacuer les charges thermiques excédentaires ne sont pas considérées. »
- « La réalisation de travaux de modélisations complémentaires ont permis de constater le potentiel théorique de certaines mesures d’atténuation de la chaleur. Parmi les mesures évaluées, on peut noter les murs végétalisés, les pare-soleil, les toits blancs et la réduction de l’effet d’îlot de chaleur urbain dans lequel le complexe est situé. »
- « Enfin, les résultats de cette étude témoignent de la nécessité d’intégrer des mesures d’adaptation à la chaleur favorisant le maintien du confort thermique des occupants de bâtiments hébergeant des populations vulnérables dès leur construction ou encore d’implanter celles-ci lors de leur mise à niveau. De plus, l’implication et la sensibilisation des occupants semble une avenue à emprunter afin notamment de s’assurer que les appareils (p. ex. ventilateur récupérateur de chaleur) et les lieux sont utilisés de la manière la plus optimale possible au cours des épisodes de chaleur extrême.»
- « Il demeure ainsi souhaitable que la rénovation de logements sociaux hébergeant des populations vulnérables se transpose par une amélioration du confort thermique en saison estivale, particulièrement dans un contexte de changements climatiques, et ce, même si cette cible se traduit par la mobilisation de ressources et de moyens additionnels. À cet effet, la plupart des investissements et des subventions accordés pour rénover les bâtiments québécois visent surtout à en accroître l’étanchéité, en plus d’augmenter l’efficacité énergétique dans une perspective de diminuer les coûts de chauffage. Une réflexion s’impose donc afin de considérer d’un même élan les besoins de conservation et d’évacuation de la chaleur, voire du refroidissement, en fonction de la période de l’année. »
Cette étude de l’INSPQ démontre qu’il est essentiel, dès maintenant, de mener une discussion sérieuse sur les mesures d’adaptation aux vagues de chaleur qui doivent être mises en place dans le cadre des investissements de 3,6 milliards $ dans le parc HLM d’ici 2028. La SHQ doit faire preuve de leadership rapidement sur cet enjeu majeur pendant qu’il est encore temps.