Avec 479 de ses 833 immeubles qui sont cotés E, en très mauvais état, il ne faut pas se surprendre si près de 2 200 logements sont vides à l'Office de Montréal. Près de 500 logements sont barricadés et près de 6 000 sont insalubres en raison d'infestation souvent chronique. Cette situation est le résultat direct du sous-financement des travaux de rénovation. Depuis 14 ans, chaque année l'office réclame 150 millions $ à la SHQ mais n'en reçoit que 75.
Lire l'article du Journal de Montréal.
Il y a tout juste un an, la Ministre responsable de l’habitation de l’époque, Mme Laforest, annonçait que l’Entente Canada-Québec était finalement signée et que, d’ici 2028, les offices disposeraient d’une enveloppe de 2,2 milliards $ pour financer des travaux. Dans la foulée, un décret ministériel du 15 déc. 2021 débloquait 94.1 millions $ pour Montréal. Ce budget devait permettre la rénovation de 650 logements répartis dans 12 habitations dont les conventions avec le fédéral étaient arrivées à échéance. En effet, ces immeubles ne peuvent plus utiliser le budget régulier de remplacement, d’amélioration et de modernisation (RAM) puisque les ententes sont terminées. Cette somme de 94,1 millions $ s’ajoute donc au budget RAM régulier de l’OMHM. En 2021, ce dernier était de 69 millions $.
En 2022, concrètement sur le terrain, il y avait 43 chantiers en cours à Montréal (40,4 millions $) et l’OMHM lançait des appels d’offre pour 12,2 millions $. Parmi ces chantiers, 4 habitations seront totalement remises à neuf (Barclay, Saint-André, La Pépinière et Charlevoix). Ces habitations avaient une côte E et étaient barricadées.
À première vue, c’est beaucoup de millions de dollars. Mais, est-ce que l’argent débloqué par décret ajouté au budget RAM annuel seront suffisant ? La réponse est probablement : NON!
Tout d’abord, les besoins en travaux majeurs vont bien au-delà de ces 12 habitations visées par le décret. D’autres habitations qui sont encore conventionnées souffrent d’un déficit chronique d’entretien. Historiquement, l’OMHM demande 150 millions $ par année dans son budget RAM. Or, l’office a disposé de sommes allant de 23 millions $ (entre 2003 et 2007) à 93 millions $ (2013 à 2017). Pas étonnant que certains immeubles aient été négligés !
Ensuite, l’argent arrive au compte-goutte de la SHQ. Or, mois après mois, les matériaux et les travaux coutent plus chers. A cause de l’inflation, il est impossible de réaliser les travaux planifiés quand on reçoit l’argent un an plus tard.
Finalement, il n’est pas étonnant qu’à Montréal, les deux tiers des habitations reçoivent la côte D ou E. Ces immeubles sont en mauvais ou en très mauvais état et ils vont nécessiter de très gros investissements.
Ainsi, non seulement il faut investir massivement dans les immeubles D et E mais en plus, il faut investir dans les autres afin d’éviter leur dégradation. L’ampleur des besoins pousse la FLHLMQ à faire de ce dossier une priorité afin de s’assurer que les 2,2 milliards $ soient dépensés à la bonne place mais aussi afin de revendiquer plus de fonds si nécessaire. À ce sujet, les consultations que mèneront les locataires dans leurs immeubles nous aideront à mesurer les demandes des locataires.