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La SHQ doit voir à l’adoption de solutions équilibrées à la problématique du tabac et de la marijuana en HLM

Soumis par flhlmq le

Jusqu’à tout récemment, à peu près aucun office d’habitation au Québec n’avait cru bon de se préoccuper de la question du tabac dans les logements HLM. Tout le monde s’en tenait au statu quo, c’est-à-dire que chacun fait ce qu’il veut dans son logement. Pourtant, la cigarette génère depuis longtemps des tensions entre les droits et libertés des uns et des autres.

Or la cigarette semble soudainement devenir une préoccupation urgente, comme on peut le constater avec l’initiative de l’OMH de Baie-Comeau qui interdira la cigarette dans ses logements pour tout nouveau locataire à partir du 1er juillet prochain. On comprend en fait que c’est l’alarme suscitée par la légalisation de la marijuana qui pousse cet office – que d’autres imiteront peut-être – à interdire intégralement la fumée, toute substance confondue. De l’avis de la FLHLMQ, c’est une manière paternaliste et trop peu nuancée d’aborder un problème complexe.

Notre fédération prêche depuis plusieurs années pour qu’une approche équilibrée et respectueuse de l’ensemble des locataires soit adoptée sur cet enjeu. Il est évident que la fumée secondaire qui circule – trop librement – dans les immeubles représente un enjeu de santé publique et une source d’inconfort et de mécontentement pour les nombreux locataires non-fumeurs dans les HLM. Nous en recevons régulièrement des témoignages. Ces locataires ont le droit de s’attendre à ce qu’on leur offre un environnement sain. D’un autre côté, beaucoup de locataires sont aux prises avec une réelle dépendance au tabac – substance par ailleurs tout à fait légale et disponible en vente libre. Les offices failliraient à leur mission sociale en faisant de la consommation du tabac un obstacle à l’accès aux HLM qui sont généralement un dernier recours pour des ménages à faible revenu. Notre mot d’ordre, c’est l’adoption par les offices d’une stratégie de développement d’espaces sans fumée. La meilleure manière de concilier les droits de tout le monde serait de partager le parc de logements de chaque office entre, d’une part, des immeubles ou sections d’immeuble sans fumée et, d’autre part, des immeubles pour fumeurs. Chacun pourrait ainsi préciser ses besoins en remplissant sa demande de logement et la plus grande part des problèmes de cohabitation liés au tabac s’en trouveraient résolus.

Tous les offices devraient s’asseoir avec leur comité consultatif de résidents pour discuter d’une telle stratégie dans leurs logements. Comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises dans les dernières années, la Société d’habitation du Québec a, à notre avis, une responsabilité dans ce dossier et devrait assumer un leadership en envoyant le message clair aux offices que des interdictions intégrales et unilatérales dans le style de Baie-Comeau ne sont pas des solutions acceptables et respectueuses des principaux intéressés.

Une légalisation qui ouvre la porte à plus de répression ?

En terminant, soulignons qu’il est paradoxal de constater que la légalisation à venir de la marijuana semble susciter bien des réflexes répressifs. Alors que bien des fumeurs de marijuana ont été tolérés – autant en HLM qu’en logement privé – alors que la substance était illégale, plusieurs villes et maintenant des offices cherchent à l’interdire et prévoient des sanctions pour les délinquants. Dans certains endroits, il pourrait devenir possible d’acheter librement de la marijuana à la SAQ, mais interdit d’en consommer dans l’espace public aussi bien que dans son propre logement. Les offices deviendront-ils plus sévères à l’égard des fumeurs de marijuana, alors qu’ils s’en lavaient les mains quand l’interdiction n’était pas dans leur juridiction ? Il y a clairement ici un risque de judiciarisation à outrance de l’enjeu de la fumée. Il faut éviter que des locataires soient trainés en masse devant la régie du logement et soient évincés en raison de la réaction rigide de gestionnaires d’office. La FLHLMQ convient que la légalisation de la marijuana constitue un changement de moeurs controversé qui suscite des appréhensions, mais pour nous il serait inacceptable que face à cette nouvelle réalité les locataires de HLM soient traités en citoyens de seconde zone et qu’ils n’aient pas les mêmes droits que tout le monde.

 

Pour voir le reportage de TVA nouvelles sur le nouveau règlement de l'OMH, cliquez sur le lien suivant :

http://www.tvanouvelles.ca/2018/02/09/des-juin-prochain-fini-la-cigarette-dans-les-hlm-de-baie-comeau